Le flux Twitter n’est pas disponible pour le moment.
Inventons la PAC du XXIe siècle !

Tribune d’Eric Andrieu  publiée dans le Huffington Post le 27/10/2015

Pensée et mise en œuvre il y a une cinquantaine d’années dans un contexte de pénurie pour répondre aux besoins alimentaires de la population européenne, la Politique Agricole Commune (PAC) a cette vertu d’avoir satisfait aux objectifs qui lui étaient assignés : nourrir les européens, et créer des champions parmi certaines filières agro-alimentaires.

Revers de la médaille de ce choix politique, la PAC, quand elle ne les a pas créés, a contribué à l’amplification de phénomènes auxquels il faut aujourd’hui savoir répondre : diminution des populations rurales, disparition des emplois agricoles, délitement du lien social, modification des paysages, appauvrissement de la biodiversité, atteinte à l’environnement et impact sur la qualité alimentaire et la santé humaine.

Si la PAC 2014-2020 introduit des mécanismes de redistribution des aides plus justes et plus soucieux de l’environnement, elle reste encore trop insuffisante pour prétendre répondre aux défis de l’agriculture de demain.

La crise que traversent les éleveurs français est un des révélateurs de ses carences. Le modèle ne dispose pas des outils de régulation nécessaires, si bien que la conjonction de la baisse des cours de la viande et du lait, du prix élevé des céréales et d’une baisse des exportations fait payer le prix fort aux éleveurs.

Pour répondre aux crises successives, les pouvoirs publics n’ont aujourd’hui d’autres choix que de proposer des solutions qui traitent les symptômes plutôt que les causes.

Doit-on, à chaque crise, injecter toujours plus d’argent public pour sauver une modèle mortifère ? J’en doute.

Je pense urgent que l’Europe réinvente une stratégie commune, abandonne les dogmes inopérants, se dote enfin d’outils de gestion des marchés efficaces et surtout, redéfinisse une nouvelle vision politique de son projet agricole.

L’Europe a su consacrer des milliards pour construire un modèle qui provoque aujourd’hui incompréhension et défiance de la part des consommateurs européens. La seule issue qui s’offre à nous est de convaincre nos partenaires de réorienter nos efforts financiers vers une nouvelle façon de produire.

Des pionniers nous montrent déjà le chemin. Je pense notamment aux pratiques qui se développent autour de l’agroforesterie, un système de production qui, en réintroduisant arbres et haies dans les paysages, permet de produire dans le respect du sol et de l’environnement. Comme aux techniques éprouvées de la couverture permanente des sols qui dispense le producteur de labour pour le grand bénéfice de leur fertilité propre, de la biodiversité et de la qualité des eaux souterraines et de surface.

Des modes de production, de distribution et de consommation alternatifs apparaissent en marge des circuits dominants. Il faut comprendre ce qu’ils représentent pour inventer une agriculture responsable qui sache répondre aux enjeux de l’alimentation humaine, de la préservation de l’environnement, comme de la structuration du monde rural.

Autrement dit, posons-nous les vraies questions pour amener les bonnes réponses.

Pour consulter la tribune sur le site du Huffington Post, cliquez ici.

Partager