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« La méthodologie de calcul du Nutri-score continue de favoriser l’artificiel au détriment du naturel »

Alors que la Commission européenne vient de confirmer qu’une proposition législative européenne sur l’étiquetage nutritionnel verrait le jour dans les prochains mois, et que leur intention de généraliser le Nutriscore sous une forme ou une autre à l’échelle du continent est bien réelle, ses défenseurs et ses pourfendeurs se déchirent dans les médias et sur les réseaux sociaux. La vérité pourrait pourtant bien se situer entre ces deux extrêmes.

Ces petites bandelettes multicolores, présentes sur certaines denrées et ayant pour but d’indiquer la qualité nutritionnelle des aliments, déchaînent les passions. Certains lobbies de grandes multinationales ne veulent pas en entendre parler et la refusent catégoriquement, d’autres l’apposent mais sur des bases douteuses et purement à des buts de marketing, les petits producteurs et ceux qui proposent des produits d’appellation d’origine protégée, eux, se sentent piégés. Si l’on ne veut pas perdre de vue l’intérêt général et perdre la confiance des consommateurs, il est grand temps de clarifier les règles du jeu.

La santé des citoyens doit être une priorité. Le constat européen en la matière souligne encore l’urgence d’agir. Un adulte sur deux et près d’un enfant sur trois est en situation de surpoids en Europe, tandis que près d’un citoyen sur cinq est atteint d’obésité. La santé des européens se dégrade et ces statistiques morbides s’aggravent chaque année.  Avec ses informations nutritionnelles, le Nutriscore est un réel outil d’utilité publique.

Cependant, une partie des critiques doit être entendue. Nous ne parlons pas là de ces grandes multinationales qui ne songent qu’à leurs bénéfices colossaux, au détriment de la santé de leurs clients. Nous songeons plutôt à ce qui devrait être la cible première du Nutriscore : la malbouffe.

A l’heure actuelle, la méthodologie de calcul du Nutriscore continue de favoriser l’artificiel au détriment du naturel. Il exclut les additifs et les conservateurs tout comme les sucres ajoutés et le profil des acides gras. Il en va de même pour les méthodes de cuisson : voilà pourquoi des frites industrielles peuvent obtenir un C plutôt qu’un E.

Est-ce que le Nutriscore devrait s’appliquer à tous les produits ? NON.  La Commission, dans sa réflexion évoque d’ailleurs la possibilité d’exclure certaines catégories de produits alimentaires.

Va-t-on étiqueter les produits du terroir, les fromages, et les jambons protégés, alors que leurs cahiers des charges leur interdisent le droit de changer de recette ? NON. Va-t-on risquer de dénaturer nos traditions sous IG en forçant les producteurs à utiliser des produits chimiques pour passer d’un E à un A? Ce serait un contre-sens.

En revanche, faut-il obliger les entreprises à faire toute la lumière sur les ajouts nécessaires dans le calcul du Nutriscore ? Faut-il se concentrer sur le combat contre la malbouffe industrielle et ses marques, ? OUI !.

Voici la direction à emprunter pour que l’étiquetage nutritionnel protège au mieux l’intérêt des producteurs sous appellation et celui des consommateurs.

La méthodologie du Nutriscore doit être revue et améliorée afin qu’il puisse servir de base à la généralisation de l’étiquetage nutritionnel au niveau européen.

La proposition législative européenne est donc vivement attendue et la prise en compte de ces arguments est primordiale si nous ne voulons pas que l’étiquetage nutritionnel loupe sa cible.

 

Tribune rédigée par Eric Andrieu et Sylvie Guillaume parue dans le journal Le Monde

 

 

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