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Le gouvernement prépare un plan de sortie du glyphosate

Le Premier ministre a annoncé un plan de sortie de l’herbicide glyphosate, conditionné aux alternatives trouvées pour les agriculteurs, sans donner de date butoir. Le ministre de l’Agriculture a suggéré une période de transition de cinq à sept ans.

Le Premier ministre Edouard Philippe a demandé, ce lundi 25 septembre, aux ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique de lui présenter un rapport sur les conditions d’un « plan de sortie » pour l’usage agricole du glyphosate « avant la fin de l’année ». Ce plan de sortie sera établi en fonction des « conclusions » des Etats généraux de l’alimentation et « de l’état de la recherche et des alternatives disponibles pour les agriculteurs », a précisé Matignon dans un communiqué.

Le gouvernement « arrêtera alors sa position, qu’il confrontera à celles de la Commission [européenne] et des autres Etats-membres, pour trouver les conditions d’une transition raisonnable vers la sortie du glyphosate », a-t-il souligné. Tout en confirmant que la France votera, début octobre, contre la proposition de la Commission de ré-autoriser l’herbicide dans l’Union européenne pour 10 ans. « C’est une durée trop longue compte tenu des incertitudes qui subsistent sur ce produit et la France votera contre cette proposition, comme elle l’a clairement indiqué dès le mois de juillet », souligne le communiqué. Fin août dernier, le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot avait justifié ce vote lié aux« incertitudes qui demeurent sur [la] dangerosité » de cette substance dans l’apparition de cancers. L’homologation de la substance prend fin décembre 2017.

Un arrêt mais à quelle échéance ?

Après avoir annoncé ce 25 septembre, sur BFMTV-RMC, l’interdiction en France de l’herbicide pour l’usage agricole d’ici la fin du quinquennat en 2022, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner s’est finalement aligné sur le communiqué officiel de Matignon. Le gouvernement réaffirme « son engagement d’obtenir avant la fin du quinquennat des progrès significatifs vers l’interdiction de l’usage des substances dangereuses et vers une agriculture moins dépendante aux pesticides », dont le glyphosate.

Devant les 300 agriculteurs venus manifester vendredi 22 septembre à Paris contre l’interdiction du glyphosate, Nicolas Hulot leur a promis qu’une solution à cet arrêt serait trouvée « ensemble ».

Sur RTL, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, s’est quant à lui dit favorable vendredi pour prolonger de « cinq à sept ans l’autorisation de l’herbicide de manière à accompagner les changements dans les pratiques agricoles« .Le temps… de « construire une étape d’une réduction réussie et progressive du glyphosate », a déclaré le ministre et de « concevoir des méthodes de substitution« . Interrogé par l’AFP, M. Castaner a quant à lui annoncé que « l’objectif est qu’on puisse trouver des produits de substitution d’ici à la fin du quinquennat ».

La confusion est totale sur le sort du glyphosate. « Que dire des expressions différentes sur le sujet du Premier Ministre, de Stéphane Travert, de Nicolas Hulot et de Christophe Castaner sur le nombre d’années concernant l’autorisation ? Qui devons-nous croire ? », s’interroge ainsi le premier syndicat agricole FNSEA, alors qu’aucune date butoir pour un retrait n’est arrêtée.

Trouver des alternatives « crédibles »

Des alternatives existent bel et bien et sont utilisées de longue date par les agriculteurs biologiques qui rappelons-le non pas le droit d’utiliser des herbicides de synthèse. 
Générations Futures

Reçue ce matin par Nicolas Hulot, la FNSEA a « rappelé au ministre d’Etat qu’il n’y a pas, à ce jour, de raisons scientifiques incontestables qui justifieraient son interdiction. On ne peut sérieusement interdire le glyphosate sans alternatives crédibles aux plans technique et économique« . Un avis partagé par le ministre de l’Agriculture : « Il n’y a pas d’équivalent [au glyphosate] aujourd’hui sur le marché, ou alors ils sont encore plus dangereux« , a prévenu M. Travert.

« L’existence ou non d’alternatives ne change rien à l’affaire ! Même si dans le cas présent des alternatives existent bel et bien et sont utilisées de longue date par les agriculteurs biologiques qui rappelons-le non pas le droit d’utiliser des herbicides de synthèse« , réagit de son côté l’ONG Générations Futures. « Si la France maintient cette position absurde et non protectrice, on risque fort de se retrouver dans  5 ans dans la même situation qu’aujourd’hui. Des agriculteurs qui, poussés par les vendeurs de pesticides, se retrouvent dans la rue pour demander le maintien de la mise sur le marché d’une molécule polluante et dangereuse pour la santé », déplore François Veillerette, porte-parole de l’ONG. Fin août, Générations Futures a présenté les travaux réalisés par le toxicologue allemand Peter Clausing mettant de nouveau en cause les agences européennes dans l’évaluation de l’impact du glyphosate sur les cancers.

Pour Eric Andrieu, eurodéputé français social-démocrate de la Commission Agriculture : « Si la proposition de supprimer du jour au lendemain cet herbicide est irréaliste, celle de prolonger son autorisation pour 5 ans est irresponsable. Devant les nombreuses incertitudes qui pèsent sur l’utilisation du glyphosate, et en l’absence d’alternative, les Etats membres doivent appliquer le principe de précaution, en se limitant à un renouvellement annuel de cette substance potentiellement cancérigène. » L’eurodéputé demande au gouvernement français et à la Commission européenne de débloquer un « budget conséquent » pour la recherche publique, afin de trouver « rapidement une molécule de substitution et des alternatives durables pour les agriculteurs ». Le gouvernement prévoit de mobiliser cinq milliards d’euros sur le quinquennat pour la modernisation des pratiques agricoles.

En matière d’usages non agricoles, l’utilisation du glyphosate par les collectivités dans les espaces ouverts au public est déjà interdite en France depuis le 1er janvier 2017. L’utilisation par les particuliers sera également interdite à partir du 1er janvier 2019, confirme Matignon.

 

 

Source : Actu environnement

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