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Lettre aux actionnaires de Bayer A.G

Retrouvez la lettre aux actionnaires de Bayer A.G demandant d’abandonner le projet d’acquisition de Monsanto par Bayer, envoyée par Martin Häusling, Eric Andrieu et trente-neuf autres eurodéputés.

 

Objet : Acquisition de Monsanto par Bayer

27 Avril 2017, à Bruxelles

Chers actionnaires de Bayer,

 

Le 14 septembre 2016, Bayer a officiellement annoncé l’acquisition de Monsanto pour 62 milliards d’euros. Cette opération doit toujours être soumise aux autorités de la concurrence et il existe un risque élevé que les fusions précédentes annoncées par Dow et Dupont et par ChemChina et Syngenta aient changé le contexte de manière à rendre cette opération illégale.

Les actionnaires de Bayer ont toujours la possibilité d’arrêter cette fusion qui constituerait une menace non seulement pour Bayer en tant que société, mais aussi pour la sécurité alimentaire, les écosystèmes et la santé humaine. En effet, le mariage prévu entre Bayer et Monsanto constituerait une grave erreur pour Bayer, non seulement en termes d’image, mais aussi en termes de stratégie commerciale.

Monsanto est l’une des sociétés les plus détestées de la planète et a été accusée de nombreux crimes, y compris la libération de substances dangereuses dans l’environnement, dont certaines peuvent encore être trouvées dans l’air, le sol et l’eau des années après avoir été interdites par les autorités.

Le 18 avril, après avoir entendu les témoignages de 28 témoins du monde entier et après six mois de délibération, cinq juges internationaux réunis au sein du « tribunal Monsanto » ont publié un avis juridique sur les actions de Monsanto. Les conclusions de ces praticiens juridiques sont trop sérieuses et bien fondées pour être ignorées car elles donnent une lumière très défavorable sur l’entreprise que vous allez acquérir.

Le tribunal a été invité à examiner les effets des activités de Monsanto sur les droits de l’homme des citoyens et sur l’environnement, et à proposer des conclusions sur la conformité de la conduite de Monsanto aux principes et aux règles du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire. Bien que le tribunal n’ait pas de pouvoir d’enquête et ses avis ne soient pas contraignants, l’avis consultatif qu’il a rendu était fondé sur des considérations juridiques fondées sur le droit international des droits de l’homme et sur le droit international humanitaire.

Sur les six questions détaillées qui ont été soumises au tribunal, les juges ont déclaré Monsanto « coupable » sur cinq accusations : entraver le droit à un environnement sain, le droit à l’alimentation, le droit à la santé et la liberté de la recherche scientifique, de même que coupable de contribuer au crime d’écocide. Les conclusions du tribunal sont destinées à aider les citoyens lésés par Monsanto à les porter devant les tribunaux au niveau national, et il est juste de supposer que le nombre de ces affaires judiciaires augmentera au cours de l’année à venir.

Cependant, le problème principal n’est pas seulement le risque juridique très réel pris par Bayer dans l’acquisition de Monsanto. Cela réside dans le fait que Bayer suivrait la même stratégie commerciale que Monsanto : la vente de semences brevetées destinées à être utilisées avec des pesticides dangereux issus de la pétrochimie. Cette stratégie a fonctionné, mais elle est aujourd’hui dépassée. La raison la plus évidente est que l’industrie pétrolière est sérieusement menacée par la raréfaction du pétrole.

Mais l’argument clé pour changer l’orientation devrait être l’inquiétude croissante des citoyens autour du modèle agricole que vous poussez, et surtout l’utilisation massive de pesticides. Les dégâts causés à la santé humaine – et le coût extrême que cela représente – suffiront pour que les autorités prennent de plus en plus de mesures drastiques pour réduire leur utilisation à l’avenir. Le fait que l’une des principales activités de Bayer implique des produits pharmaceutiques et des soins de santé devrait également être une bonne raison de réduire les plans de vente de produits chimiques nocifs.

Confrontée à de mégas fusions dans le secteur agro-industriel, Bayer ne devrait pas suivre la même voie que ses concurrents, car elle assurerait seulement sa survie à moyen terme. Nous sommes convaincus que vous devriez adopter un autre modèle pour l’avenir de l’agriculture, en proposant des produits adaptés à l’agroécologie (pesticides à faible risque, semences non traitées, graines organiques …) et soyez la première société de votre taille à le faire.

Bayer est reconnue pour la promotion de la science pour une vie meilleure. Ne vous associez pas à des criminels potentiels qui se livrent à la falsification d’études pour adopter un programme toxique : cela risquerait d’être dangereux pour votre entreprise, l’humanité et l’environnement.

Cordialement,

 

Membres du Parlement européen :

Isabella Adinolfi

Laura Agea

Rosa D’Amato

Eric Andrieu

Margrete Auken

Guillaume Balas

Pervenche Berès

Tiziana Beghin

David Borrelli

Klaus Buchner

Ignazio Corrao

Jean-Paul Denanot

Stefan Eck

Bas Eickhout

Eleonora Evi

Laura Ferrara

Sylvie Guillaume

Martin Hausling

Maria Heubuch

Kateřina Konečná

Philippe Lamberts

Maria Lidia Senra Rodriguez

Barbara Lochbihler

Edouard Martin

Fabio Massimo Castaldo

Maria Noichl

Piernicola Pedicini

Michel Reimon

Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy

Michèle Rivasi

Virginie Rozière

Bart Staes

Molly Scott Cato

Davor Skrlec

Dario Tamburrano

Josep-Maria Terricabras

Isabelle Thomas

Claude Turmes

Marco Valli

Monika Vana

Marco Zullo

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