Le flux Twitter n’est pas disponible pour le moment.
CETA, MERCOSUR : Emmanuel Macron doit arrêter de livrer nos agriculteurs en pâture !

Par Eric Andrieu, Député européen, Porte-parole des sociaux-démocrates européens à l’agriculture et au Développement rural

 

Ce mtin, les agriculteurs manifesteront une fois de plus. Et une fois de plus, ils auront raison. Après la suppression unilatérale des aides accordées par l’État aux zones les plus défavorisées, ils défileront pour la protection de nos territoires et contre la politique libre-échangiste d’Emmanuel Macron.

Dans leur série de hashtag « L’Addition Macron » lancés à grandes bottes sur les réseaux sociaux, afin de détourner l’attention des propos grossiers de son président, les Républicains auraient été bien inspirés d’attaquer le gouvernement sur ce terrain-là et de rappeler à Emmanuel Macron ces deux mots qu’il n’ose plus lire, et qui pourtant ont fait le tour de nos campagnes : CETA, MERCOSUR.

C’est peu dire que les promesses pieuses du nouveau Président, adressées au secteur lors de ses vœux à Saint-Genès-Champanelle, paraissent bien loin pour les agriculteurs français, aujourd’hui plongés dans une situation plus que jamais exsangue.

Et pour cause : malgré les engagements d’Emmanuel Macron, force est de constater que les négociations de l’UE et du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) avancent à marche forcée. Les deux parties se sont retrouvées mardi 20 février à Asunción et un accord politique pourrait être annoncé, avec l’accord implicite du gouvernement français, le 2 mars, avant le début de la campagne pour les élections générales au Brésil.

En plein Salon International de l’Agriculture, cet accord qui porterait à 99 000 tonnes le contingent d’importation tarifaire de bœuf, constituerait un véritable scandale pour notre filière bovine, aujourd’hui à bout de souffle.

Il viendrait s’ajouter aux 240 000 tonnes de bœuf que l’UE importe déjà du Mercosur et aux 60 000 tonnes de bœufs prévu dans le cadre du CETA signé en grandes pompes par Emmanuel Macron au lendemain de son élection. Au total, ces importations du Canada et du Mercosur représenteront plus de la moitié de la production européenne.

Le tout venant d’animaux à la traçabilité quasi inexistante, élevés en batterie dans des feedlots, nourries aux OGM et aux farines animales, et, bourrés aux antibiotiques.

Dire oui au Mercosur, ce serait remettre en cause un modèle de société, que nous voulons ouverte, certes, mais aussi respectueuse des attentes des citoyens en matière sécurité alimentaire, de protection de l’environnement et de bien-être des animaux.

Dire oui au Mercosur, c’est favoriser un modèle agricole intensif, responsable à 80 % de la destruction de la forêt amazonienne.

Dire oui au Mercosur, c’est signer à coup sûr l’arrêt de mort de nos contrés les plus reculées, avec la disparition à moyen terme de nos modèles d’élevages, ces contrées dans lesquelles le Ministre de l’Agriculture ne va plus et qui participent pourtant à la cohésion et aux équilibres sociaux-économiques de nos territoires.

Le silence assourdissant du Président de la République, hier sur le CETA, aujourd’hui sur le Mercosur, sont symptomatiques de l’inconstance d’Emmanuel Macron sur les questions agricoles et environnementales.

Le jour où l’on importera tout ce que l’on consomme, on aura perdu tout contrôle sur nos modes de vie. C’est un choix qui n’est pas le mien !

A l’heure où il s’apprête à enfiler pour la première fois son costume de Président pour se rendre à la grande messe de l’agriculture française, et où l’Europe se prépare à aborder la réforme de la PAC, dans laquelle la France a toujours joué un rôle prépondérant, il serait temps qu’Emmanuel Macron habille sa politique d’une vision claire sur l’avenir de l’agriculture.

 

Partager