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Cette mauvaise PAC sera probablement la dernière : Je voterai contre !

Cette semaine, le Parlement européen votera la nouvelle Politique agricole commune qui fixe le cadre des réformes sur l’agriculture européenne pour les sept années à venir.

 

Bruxelles – 20/10/2020 – Mais cette proposition est une catastrophe : « il ne répond ni aux enjeux agricoles ni aux enjeux environnementaux; il n’assure pas la souveraineté alimentaire européenne et favorise la concurrence entre les États membres : c’est inacceptable ! » tempête Eric Andrieu, Eurodéputé socialiste en charge de l’agriculture.

 

La PAC ne répond ni aux enjeux agricoles ni aux enjeux environnementaux

Comme souvent, il vaut mieux être riche et grand propriétaire que démunis avec peu de terres. Un constat que la nouvelle Politique agricole commune accentue. Les changements structurels attendus pour que l’ensemble des travailleurs agricoles puissent travailler dignement et vivre de leur travail n’auront pas lieu. « On aurait pu croire par exemple que le plafonnement des aides aux grandes exploitations serait revu ou que les petits exploitants seraient mieux soutenus: il n’en sera rien ! »

Les plans stratégiques de la future Politique agricole commune ne sont pas plus alignés sur le Pacte vert européen et il est peu probable que les objectifs du plan Biodiversité ou de la « Fourche à la Fourchette » soient atteints. Un exemple parmi d’autres : ce Green Deal et la stratégie de la « Ferme à la Fourchette » prévoient 25% de surfaces en agriculture biologique et une réduction de 50% des pesticides d’ici à 2030. Toutefois, dans la PAC, il a été décidé de ne pas garantir les surfaces minimales indispensables pour la biodiversité ni de protéger efficacement les prairies permanentes ou encore d’augmenter le nombre de surface non productive exclusivement sans pesticide.

 

Si nous voulons 25% de surfaces en bio et réduire l’usage des pesticides, faisons des aides à la conversion et au maintien à l’agriculture biologique. Si nous voulons capter du carbone dans les sols, finançons directement des prairies. Si nous voulons réduire les émissions des ruminants, imposons des règles pour éviter la concentration de l’élevage dans certaines régions. Si nous voulons entretenir nos montagnes par des activités de pastoralisme qui protègent contre les feux de forêts, reconnaissons l’indemnité compensatoire au handicap naturel (ICHN) et finançons des aides au maintien de l’agriculture biologique. Mais non, cette approche n’a pas été retenue…

« Ces incohérences entre le texte de la Politique agricole commune et les annonces dites vertes de la Commission européenne nous font de plus en plus craindre que les réformes à venir sont plus teintées de Greenwashing que d’une réelle volonté de se battre pour l’environnement ».  Un des autres impératifs de cette nouvelle PAC était de verdir l’agriculture européenne en rémunérant les services rendus à l’environnement par les agriculteurs. Les mesures proposées ne seront pas obligatoires et les conditionnalités d’octroi des aides liées aux bonnes pratiques environnementales sont en recul.

 

Un grand pas vers la renationalisation

« De plus, il appartiendra aux États membres de faire leur choix entre les différentes mesures, voire d’en rajouter. Je vois deux problèmes majeurs à cela » :

1/ Nous assistons là à une déresponsabilisation européenne qui mènera inexorablement à une renationalisation de la politique agricole commune. La PAC perd son C, de la volonté même de la Commission européenne qui permet de se côtoyer 27 politiques agricoles au sein de l’Union.

2/ 27 politiques agricoles avec des objectifs bien différents, cela veut aussi dire 27 États membres qui se concurrencent. On assiste là à l’institutionnalisation du dumping et une Union désunie où la rivalité sera la règle.  Nous nous apprêtons à monter sur l’autoroute à contre sens…

 

Souveraineté alimentaire

« La crise sanitaire que nous traversons a rappelé une fois encore l’importance de la place centrale qu’occupe l’agriculture. Ce sont les agriculteurs européens qui ont permis à la population confinée chez elle de pouvoir continuer se nourrir. La Politique agricole Commune doit préserver, encourager et soutenir les agriculteurs mais aussi permettre aux citoyens européens d’accéder à leurs produits ». Une Politique agricole qui ne se battrait que pour des prix bas ferait fermer des milliers d’exploitations, mettrait des dizaines de milliers de personnes à la rue et forcerait aussi le recours à l’importation massive de produits : une aberration tant sociale qu’environnementale. Là encore la PAC loupe le coche et prône l’intérêt de quelques-uns aux dépens de l’intérêt général.

 

 

Pour une autre PAC

 

Nous sommes face à une urgence sanitaire, agricole, environnementale mais la future politique agricole commune telle qu’elle sera votée cette semaine ne règle aucune question majeure, bien au contraire.  « Je rêve d’une PAC qui redonne des lettres de noblesse à l’agriculture, valorise les agriculteurs et leur travail, les soutienne dans la transition écologique plutôt que de les culpabiliser » :

 

Une PAC qui répartisse de manière plus juste et équitable les aides européennes

Une PAC qui favorise les circuits courts, garantisse aux agriculteurs de travailler dans des conditions dignes pour un salaire digne

Une PAC qui se défait de cette logique productiviste à outrance, de ces pratiques ultralibérales qui organise ce dumping social et environnemental dont nous serons tous les victimes.

Une PAC sociale et environnementale, qui permette de diminuer et d’éliminer le recours à des produits toxiques qui mettent en danger les travailleurs et les consommateurs, et qui prône l’investissement dans la recherche de substitut en adéquation avec notre écosystème

 

« Cette PAC dont je rêve, elle est possible. Et parce qu’elle est possible, je voterai contre celle qui nous est soumise cette semaine, trop loin de mes principes et de mes valeurs : trop loin des enjeux qui devraient être les siens », conclut l’eurodéputé Eric Andrieu.

 

 

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Pour toutes vos questions : CONFERENCE de PRESSE ce mercredi 21 octobre à 15H00 : Rapport Organisation commune des marchés – Gestion des crises agricoles (OCM) – un des 3 rapports PAC voté cette semaine. Merci de confirmer votre présence. Merci de confirmer votre présence par email eric.andrieu@ep.europa.eu

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