Question à la Commission avec demande de réponse écrite
Des communes méditerrannéennes connaissent une recrudescence très importante de moustiques de l’espèce Aedes albopictus pouvant être à l’origine d’épidémies de maladies vectorielles (chikunngunya, dengue, paludisme…). Il existe aujourd’hui très peu de moyens de lutter contre ces insectes qui résistent de plus en plus au seul insecticide encore autorisé. Il apparait urgent de disposer de nouveaux biocides plus efficaces et respecteux de la santé et de l’environnement pour affronter les moustiques adultes.
L’industrie pharmaceutique n’investit pas sur ce marché étroit qui ne lui permet pas d’amortir ses investissements et de couvrir des frais coûteux induit par le règlement 528/2012 relatif à la mise sur le marché et l’utilisation de produits biocides. Il convient de trouver urgemment des solutions au sein de l’Union qui se rattachent à une vraie politique de santé publique.
La Commission ne pense t-elle pas indispensable de mettre en oeuvre un programme de recherche sur des biocides alternatifs ?
Face aux phénomènes de résistance avérés, ne croit elle pas utile de créer en lieu et place des mesures dérogatoires actuellement utilisées, un arsenal de substances actives biocides parfaitement identifiées, ayant un mode d’action différent de celui des pyréthrinoïdes qui ne permettent aujourd’hui d’agir que sur des situations épidémiques?
Réponse donnée par M. Andriukaitis au nom de la Commission
La Commission prend acte des préoccupations de l’honorable parlementaire en ce qui concerne les maladies vectorielles dues aux moustiques de l’espèce Aedes albopictus.
Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (CEPCM), les moustiques de l’espèce Aedes albopictus connaissent une expansion mondiale favorisée par les activités humaines.
Dans la lutte contre ces insectes, il est en effet plus difficile d’éradiquer les adultes que les larves. Cependant, comme les moustiques se reproduisent dans l’eau, l’élimination des eaux stagnantes constitue la méthode de prévention et de contrôle fondamentale la plus efficace.
Il y a donc lieu d’encourager des stratégies intégrées de lutte contre les nuisibles plutôt que le recours généralisé à des biocides. Ces stratégies viseront à éliminer les eaux stagnantes et à ne recourir à des biocides qu’en dernier ressort et à titre temporaire.
Si l’usage de biocides s’avère toutefois indispensable, différents insecticides sont disponibles sur le marché de l’Union (aussi bien des adulticides que des larvicides) et le CEPM ne fait actuellement état d’aucun problème de résistance à leur égard en Europe. Néanmoins, dans le contexte des programmes-cadres de l’Union pour la recherche et l’innovation, un nombre significatif de projets ont été ou sont actuellement financés, lesquels prennent également en considération les enjeux épidémiologiques et de santé publique liés aux moustiques Aedes albopictus. Il s’agit notamment des projets EDENEXT [1], VMERGE [2], VECSYN [3], INFRAVEC [4], VECTORIE [5], DENGUETOOLS [6], IDAMS [7] et DENFREE [8]. Les trois derniers projets notamment s’inscrivent dans une coopération avec l’initiative 3D visant à lutter de manière globale et à l’échelle mondiale contre la dissémination de la dengue dans un contexte de mutations climatiques [9].
Enfin, le CEPCM finance depuis 2009 un programme de surveillance du vecteur des espèces invasives à l’échelle européenne (VBORNET [10]), qui permettra de continuer à suivre de près la situation.