Tribune d’Eric Andrieu publiée dans la Revue du Trombinoscope – Février 2014
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La France souhaite modifier son système agricole en profondeur afin de conserver une agriculture vivante, dynamique et diversifiée sur l’ensemble de ses territoires, répondant aux besoins de la société, et à la nécessité d’exporter des produits alimentaires de qualité et à haute valeur ajoutée.
Au cours de ces dix dernières années gérées par la droite, les résultats du commerce extérieur agroalimentaire français se sont détériorés, alors que ceux de l’Allemagne se sont améliorés. Cette situation résulte très largement d’un manque de vision d’avenir de la part des gouvernements conservateurs, la toute récente crise Bretonne nous l’a douloureusement rappelé. Contrairement à la France l’Allemagne a davantage anticipée sur les évolutions futures : avec la réforme de la PAC de 2003 son Ministre Vert du gouvernement Schroeder a procédé à une forte redistribution des aides directes par la régionalisation, a investi dans l’environnement -diversification des activités par la méthanisation- qui en parallèle d’une organisation industrielle mieux organisée, ont permis une amélioration de la compétitivité et de la durabilité de son agriculture.
La France entend aujourd’hui redonner des perspectives à son agriculture, non pas simplement par rapport à une crise généralisée, mais en raison de mutations plus profonde de notre société. Il nous faudra demain produire plus et mieux. Cela suppose un vrai changement de paradigme se traduisant par la nécessité de faire émerger de nouvelles formes d’agriculture comme l’agro-écologie alliant performances économique, écologique et sociale (l’emploi).
La France a souhaité retrouver sa vocation inspiratrice de la PAC qu’elle avait perdue au fur et à mesure des élargissements de l’Union. Son gouvernement socialiste s’y est activement employé dans la réforme de la PAC 2014 2020. Par l’action de son Président de la République François Hollande elle a d’abord défendu le budget de la PAC. En raison du contexte des déficits budgétaires au sein des Etats membres la bataille était loin d’être gagnée. Finalement la France à l’inverse de tous les autres pays de l’Union, a stabilisé pour la période 2014 2020 le niveau d’aides dont bénéficiera son agriculture.
Elle a souhaité une réforme pour une agriculture compétitive, plus juste, plus verte, plus régulatrice des marchés et davantage tournée vers le renouvellement des générations et la jeunesse. La politique agricole doit rester commune, et pour cela elle doit servir la diversité des agricultures et des systèmes d’agriculture européens et français. La France entend rééquilibrer le soutien en faveur de l’élevage et des zones plus défavorisées (plus de 1 milliard de transfert par an). Lorsque l’élevage recule alors qu’il apporte beaucoup d’emplois et de valeur ajoutée notamment dans des zones fragiles, c’est toute une économie qui s’effondre.
Ce cadre européen est complété par la loi d’avenir qui par la mise en place de groupements économiques et écologiques, la connaissance (recherche et enseignement agricole), l’innovation doit permettre une mobilisation générale de tous les acteurs en faveur du changement.
Le plus important est qu’un élan et une direction aient été donnés, pour redonner de la visibilité et de la confiance en l’avenir. Les réformes qui viennent d’être engagées seront certainement insuffisantes , elles devront être poursuivies et ajustées dans le temps.