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Glyphosate : Pourquoi l’Europe ne bouge pas ?

En première ligne sur ce dossier du désherbant contesté, l’eurodéputé socialiste Éric Andrieu tape du poing sur la table. Et réclame de vrais moyens pour la recherche publique. Un comité d’experts des pays de l’UE tiendra une première réunion sur le sujet, ce mercredi, avec un vote prévu dans le courant de l’année. Entretien.

 

Qu’est-ce qui vous choque dans ce dossier ?

En 2015, le Circ (Centre international de recherche sur le cancer), qui dépend de l’OMS, révèle que le glyphosate est potentiellement cancérigène. Très vite, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) le classe comme suspect d’être cancérigène.

Mais les deux agences de l’Union (dont l’Echa) le classent ensuite comme non-cancérigène ! Et, en mai dernier, la Commission propose de renouveler pour 10 ans l’autorisation de l’utilisation du glyphosate… C’est une véritable provocation. L’Union européenne ne peut pas rester sans s’interroger.

Le sujet est loin d’être mineur, il s’agit du monde du vivant et de la santé humaine. La justice californienne vient de se saisir de 200 pages de documents déclassés qui révéleraient que Monsanto était informé, depuis 1999, du caractère cancérigène du glyphosate. La Californie a donc décidé, le 7 juillet, de classer officiellement cette molécule comme cancérigène. Il est temps que l’Europe bouge, elle aussi.

Concrètement ?

Après une lettre ouverte à Juncker, avec une trentaine d’eurodéputés de mon groupe social-démocrate, nous avons déposé une saisine écrite, puis une question orale, qui a été débattue.

Elle sera suivie, le 11 octobre, d’une audition par le Parlement de toutes les parties prenantes : six heures d’audition, avec six experts internationaux, dont Monsanto que j’ai invité. Et si ces informations n’étaient pas assez précises, nous saisirons alors une commission d’enquête.

Vous suspectez du lobbying ?

Bien sûr. Depuis l’achat de Monsanto par Bayer, nous faisons face à trois groupes mondiaux monstrueux qui trustent 75 % du marché. Demain, de la semence à la génétique, ils auront la mainmise sur tout le monde du vivant. Cela nous oblige à exiger davantage de moyens en faveur de la recherche publique.

Et si vous parveniez à faire interdire le glyphosate ?

Je m’interroge… Le glyphosate est tombé dans le domaine public en 2005. Monsanto ne touche plus de royalties sur cette molécule. Je me demande si la stratégie de l’industrie agrochimique n’est pas de faire interdire le glyphosate, pour pouvoir introduire immédiatement une nouvelle molécule sur le marché, protégée celle-là… Auquel cas, les pouvoirs publics auraient de nouveau 20 ans de retard. Raison de plus pour renforcer la recherche publique pour ne pas rester passif.

 

Source : Ouest-France

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