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Insécurité alimentaire mondiale : réaction aux propositions d’Emmanuel Macron #G7

Bruxelles – 25/03/2022 – Alors que l’ombre d’une crise alimentaire plane sur le monde, le Président Macron, sortant du sommet du G7, a brièvement présenté les grandes lignes de l’initiative Food & Agriculture Resilience Mission (FARM) pour la sécurité alimentaire des pays les plus vulnérables. L’Eurodéputé PS Eric Andrieu, en charge de l’agriculture au Parlement européen tenait à réagir, à préciser certains points et à mettre en garde.

Un risque majeur d’insécurité alimentaire 

« La situation risque d’être critique pour de nombreuses populations à travers le monde dans un avenir proche. En effet les ruptures d’approvisionnement venant de la Mer Noire seront d’ici peu sources d’une insécurité alimentaire majeure » confirme Eric Andrieu, eurodéputé PS en charge de l’Agriculture. « La réponse de l’Union européenne à cette situation à haut risque doit être extrêmement rapide. Il en va de la survie des plus fragilisés mais aussi de la crédibilité de l’Europe dans sa gestion de crise » rajoute l’élu européen.

 

Un changement de cap

Le Président Macron parle de l’élaboration « d’un plan d’urgence de libération de stocks en cas de crise, pour éviter toute situation de pénurie et modérer les hausses de prix ». Je partage l’idée de politiques de régulation, et en l’occurrence des politiques de stockage à visée stabilisatrice.

« Cependant, pour avoir à plusieurs reprises, alerté sur le besoin d’une profonde réforme des règles de l’OMC qui prohibe ce type de pratique, je peux vous confirmer que l’Union européenne a toujours, jusqu’à aujourd’hui, refusé d’aller en ce sens, ce que je déplore. Il y a encore quelques jours encore, la demande de l’Égypte à ce sujet a été rejetée par l’Union » explique Eric Andrieu.

 

L’arrêt des biocarburants pour nous sortir de la crise

« Un élément absent de la proposition d’Emmanuel Macron, ce sont les biocarburants. L’Union européenne devrait immédiatement ouvrir les véritables stocks dont elle dispose en annonçant la suspension de la production de biocarburants jusqu’à temps que la situation soit revenue à la normale. En effet, 8% de la production mondiale de céréales servent à faire des biocarburants alors que 7% de la production mondiale de céréales étaient produites avant la guerre par l’Ukraine et la Russie. À l’échelle internationale, dans des crises comme celle que nous traversons, les politiques de biocarburants doivent être rendues flexibles pour réguler les marchés internationaux et faire primer l’alimentation sur les usages non alimentaires. »  

 

« Mécanisme d’allocation des volumes additionnels »

En annonçant, la mise en place « d’un mécanisme d’allocation des volumes additionnels pour garantir un accès de tous, en particulier des plus vulnérables, en quantité suffisante et à prix raisonnable », le Président Macron remet au goût du jour les accords sur produits de base qui ont permis le développement des échanges tout au long du 20ème siècle et jusqu’à la création de l’OMC. C’est une bonne chose car la sécurité alimentaire mondiale est une chose trop importante pour être laisser aux seuls marchés. Ces accords interétatiques ont montré la preuve de leur efficacité par le passé et il est nécessaire de renouer avec l’esprit de la Charte de la Havane de 1948 qui a justement porté ses accords sur produits de base.

 

L’Afrique

« Enfin, le potentiel de développement de l’Afrique a été rappelé à juste titre par le Président Macron. Mais il faut aussi avoir l’honnêteté de reconnaître que ce sont aussi les accords de libre-échange signés en particulier avec l’Union européenne qui ont hypothéqué ce développement. »

 

Conclusion

« Dommage qu’il faille traverser des crises majeures pour que l’Europe se remette en question et se rende compte que le système néo-libéral actuel n’est pas le bon. Lors de la crise alimentaire de 2007, nous avions aussi droit à de belles promesses ambitieuses mais force est de constater qu’à l’époque, l’inertie internationale l’avait emporté. Gageons cette fois que les mots se transforment en acte. Une réponse rapide et efficace sera le prix à payer pour que l’Union européenne garde toute sa crédibilité » conclut l’Eurodéputé PS Eric Andrieu.

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