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« La prochaine PAC sera agricole et alimentaire ou ne sera pas »

Retrouvez ma tribune parue dans le Huffington post :

 

La Commission européenne ne doit pas oublier sa vocation à répondre aux demandes citoyennes en matière de souveraineté mais aussi de sécurité alimentaire.

Des pesticides interdits ou supérieurs aux doses autorisées, de la viande de cheval vendue pour du bœuf, un désherbant reconnu comme cancérogène probable par certains scientifiques renommés, mais toujours en vente libre dans les grandes surfaces, des perturbateurs endocriniens au bisphénol A en passant par les nitrates. Les citoyens s’inquiètent à juste titre de leur alimentation et donc de leur agriculture et de leur environnement.

Pire, ils s’interrogent sur le rôle de l’Union européenne qui, à en croire certains, se comporte davantage comme un bateau pirate, à la merci des grandes multinationales, plutôt que comme un phare dans la tempête. La santé humaine mérite pourtant cette vigilance accrue et une capacité à résister aux lobbies de toutes sortes. La sécurité alimentaire passe, à la fois, par nos assiettes et par des directives applicables à tous.

Les consommateurs européens demandent aujourd’hui davantage de protection, de transparence et de garanties et force est de constater que les traditionnelles politiques publiques de l’Union européenne, à commencer par la politique agricole commune qui aspire 38% du budget (environ 50 milliards d’euros par an), ne répondent pas suffisamment à leurs attentes.

Fin juin, la Commission européenne a présenté ses cinq options pour l’avenir du budget de l’UE. Toutes, sauf une, passent par une diminution après 2020 des fonds consacrés à la Politique Agricole Commune (PAC). Ces coupes sont impératives, nous dit-on, pour financer les nouvelles priorités de l’UE, dont la défense, la sécurité, la lutte contre le terrorisme et la gestion des flux de migrants et de réfugiés. Le coût de ces nouvelles priorités pour l’UE est estimé à 15 milliards d’euros tandis que le Brexit se traduira par une perte estimée entre 10 et 11 milliards d’euros par an.

 

Cette difficile équation appelle à deux remarques.

La première, n’en déplaise à certains, est que la défense d’un budget ambitieux pour la prochaine politique agricole commune passe par une réorientation de ses priorités. Le citoyen contribuable demande de lier davantage l’agriculture à l’alimentation, à la santé humaine, à la lutte contre le changement climatique, à la protection de notre environnement et à l’économie des territoires et à l’emploi et nous devons en tenir compte. Feindre de l’ignorer, c’est jouer avec le feu et risquer une réduction massive des aides européennes au moment des arbitrages budgétaires.

La seconde est qu’il convient pour l’UE de réfléchir à se doter de nouvelles ressources propres. Sur 100 euros gagnés, un citoyen européen reverse, en moyenne, 50 euros en impôts et cotisations sociales, dont un seul sert à financer le budget de l’UE. 49 euros restant dans les capitales des pays de l’Union!

Derrière les cinq scénarios, la Commission européenne ne doit pas oublier sa vocation à répondre aux demandes citoyennes en matière de souveraineté mais aussi de sécurité alimentaire. Et s’agissant de la sécurité alimentaire, l’Union européenne ne peut plus se contenter d’un menu au rabais.

Au moment où des Etats comme la Chine ou le Brésil, augmentent leur budget en matière de politique agricole et alimentaire, il serait inconséquent qu’à l’échelle de l’Union nous le diminuions. A l’instar de ces Etats-continents, il est urgent que l’Europe mette en place un vrai plan stratégique de souveraineté et de sécurité alimentaire à moyen et long terme.

Au XXIe, nos concitoyens ne devraient pas à avoir à choisir entre leur sécurité alimentaire et leur sécurité tout court. La prochaine PAC sera agricole et alimentaire ou ne sera pas.

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