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Le budget de la PAC sous pression face au Brexit

Seule politique européenne financée à 100% par l’Union, la Politique agricole commune est de nouveau au cœur d’une réflexion pour une réforme après 2020, sous la menace de voir son budget réduit au profit de nouvelles initiatives.

« Je suis en politique depuis 32 ans. Et je n’ai jamais vu une discussion dans le contexte du budget de l’UE sans que tout le monde ne veuille récupérer de l’argent attribué à l’agriculture. Parfois ils réussissent, parfois non », a reconnu Phil Hogan, le commissaire européen à l’Agriculture lors d’une réunion début septembre à Tallinn.

Depuis le milieu des années 1980, la part de la Politique agricole commune (PAC) dans le budget européen a été réduite de moitié, pour en représenter un peu moins de 40%. Dans le même temps, avec l’élargissement, le nombre d’agriculteurs a été multiplié par deux.

Elle a vu d’importantes réformes, en particulier sur les aides directes (70% du budget de la PAC) qui ne sont plus corrélées aux types et volumes de production, et désormais pour un tiers liées au respect de certaines pratiques agricoles durables.

Mais les ambitions de la Commission Juncker et les nouveaux défis à relever – défense, sécurité, lutte antiterroriste, migration – risquent de peser sur les fonds de la politique agricole.

Fin juin, la Commission a publié un « document de réflexion » sur « l’avenir des finances de l’UE ». Et dans les cinq scénarios qu’elle imagine, quatre supposent un budget moins élevé pour la PAC.

Phil Hogan le concède, il va se retrouver « sous une pression certaine question finances » pour son budget. D’autant plus que le départ prévu du Royaume-Uni de l’UE va laisser un trou de 12 milliards d’euros dans le budget après 2020.

Une des solutions, optimiste, serait que les États membres augmentent leur contribution nette au budget.

Dans une étude portant sur l’effet du Brexit sur le budget de l’UE, Jörg Haas et Eulalia Rubio, chercheurs à l’Institut Delors, estiment qu’« en ce qui concerne la Politique agricole commune, l’impact d’une hausse des contributions serait distribué entre un moins grand nombre de pays ».

Ainsi l’Allemagne pourrait voir ses contributions à la PAC augmenter d’1,2 milliard d’euros.

« Les pays les plus affectés par le Brexit dans ce domaine sont probablement ceux qui sont déjà plus ouverts à une réforme du modèle financier de la PAC », notent les deux auteurs.

« La seule exception, qui pourrait créer la surprise, c’est la France, qui a traditionnellement été un fervent défenseur de la PAC mais qui en est un contributeur net aujourd’hui et paierait encore davantage après le Brexit », poursuivent-ils.

Sauver le budget

Le document de réflexion sur l’avenir des finances de l’UE avance une proposition clé pour la PAC, bien loin de faire l’unanimité: le co-financement par les États membres des aides directes, accompagné d’une réforme visant à réduire les paiements directs aux grandes exploitations.

« Le budget agricole doit être sauvegardé. Il est nécessaire de maintenir l’autonomie budgétaire en Europe », soutient Michel Dantin, co-auteur avec le ministre allemand de l’Agriculture, Christian Schmidt, d’un rapport pour son groupe, le PPE (conservateur), principale force politique au Parlement européen. Selon eux, le co-financement « reviendrait à renationaliser la PAC et pourrait potentiellement fausser le marché unique ».

Pour le ministre portugais de l’Agriculture, Capoulas Santos, la solution est de donner un rôle pivot aux agriculteurs dans l’une des grandes batailles politiques à venir: la lutte contre le changement climatique.

« Pour défendre un bon budget, les agriculteurs doivent devenir des défenseurs de l’environnement », a-t-il assuré.

L’eurodéputé socialiste français Eric Andrieu confesse à l’AFP son agacement devant la frilosité du débat sur la réforme de la PAC. « Tous les budgets agricoles d’autres États-continents, le Brésil, la Chine en particulier, ont été majorés », observe-t-il.

 

Source : Euractiv

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