C’est sur la même tribune qu’Eric Andrieu, Françoise Castex, Catherine Grèze, José Bové, Robert Rochefort, Marie-Thérèse Sanchez-Schmid, Franck Proust et Alain Lamassoure ont participé à un grand débat citoyen à l’Athénée Municipal de Bordeaux organisé le 5 octobre dernier par le Mouvement Européen et le Jeunes Européens. Thème de l’exercice : « Que peut faire le Parlement européen pour aider l’Union à sortir renforcée de la crise actuelle ? En particulier quelles réformes, y compris constitutionnelles, peut-il proposer pour préserver l’avenir de l’Union ? ».
Voir 8 députés sur 10 de la même circonscription issus de plusieurs partis politiques réunis sur le même plateau est en soit un évènement suffisamment rare pour qu’il soit souligné à sa juste mesure. La rencontre, qui aura duré plus de trois heures, divisée en 3 thématiques (Développement, Culture et Economie), a permis à Eric Andrieu d’ouvrir les débats, d’exposer son expérience depuis son arrivée au Parlement, puis de présenter les actions concrètes menées par les eurodéputés pour tout un chacun (défense du programme Erasmus et du Fond d’aide aux plus démunis, codécision sur la future Politique Agricole Commune, etc.).
Pour autant, loin de se laisser aller à un optimisme béat, il n’a pas manqué de souligner les limites plus générales d’une Union européenne qui, en cette période de crise, renoue avec ses vieux démons et se rétrécie à la cohabitation difficile de 28 intérêts nationaux plutôt que de se donner les moyens de se doter d’une vision commune sur le projet européen. Une faiblesse amplifiée par une règle en vigueur au Conseil Européen dans certains domaines : l’unanimité. Pour Eric Andrieu, bien que requise par les textes pour décider des actions de l’Union dans certains domaines, la règle de l’unanimité au Conseil, outre qu’elle est un facteur de blocage constant, institutionnalise « l’incapacité pour l’Europe à agir vite » et laisse ainsi la place à des actions brouillonnes, insuffisantes, illisibles et mal coordonnées des rares états en capacité d’agir (notamment sur les questions de politique étrangères et humanitaires comme les questions Libyennes, Syriennes et le drame de Lampedusa, illustration malheureusement trop parfaite des carences de l’Europe).
Au-delà de cette question « institutionnelle », la perception de l’Europe par les eurocitoyens a également été abordée. Pour Eric Andrieu, comme pour les autres eurodéputés présents, en période de crise, l’image d’une Europe bouc émissaire de tous les maux est aujourd’hui un frein à l’appropriation citoyenne des enjeux du moment. Une situation qui pourrait favorablement changer lors de la prochaine législature grâce à l’élection au suffrage indirect par le Parlement Européen du futur Président de la Commission, premier pas vers l’incarnation d’une instance essentielle dans le fonctionnement de l’Union.
Très sensibilisé aux questions européennes, le public s’est également joint à eux pour déplorer le manque de visibilité des eurodéputés, sujet récurrent et compliqué inhérent à la fonction, à la nature de leurs activités et à l’étendue de la circonscription. Un élément qui plaide pour la réédition à Toulouse, puis à Montpellier de cette manifestation et, comme l’a énoncé Catherine Lalumière, Présidente de la Fédération des Maisons de l’Europe, l’occasion d’expliquer et de « ré enchanter » l’Europe sur les territoires.