La Commission européenne a finalement présenté le projet de la « Fourche à la Fourchette ». C’est l’occasion de partager avec vous ma vision des choses sur ce que devrait être ce programme mais également des chantiers à mener pour redresser la barre. Pour moi, valoriser l’agriculture, le travail des agriculteurs, les circuits courts, l’agroécologie, réduire l’utilisation des produits chimiques, accompagner tous les acteurs vers une transition verte et garantir une alimentation saine, de qualité, en quantité suffisante et accessible à tous sont les objectifs à atteindre. C’est un fameux défi mais c’est en fait un minimum pour une transition plus environnementale, plus durable et plus respectueuse des demandes des citoyens européens.
Environnement vs Sécurité alimentaire : non !
Je voudrais rajouter un autre point essentiel :
Pour moi, transition environnementale et sécurité alimentaire sont intimement liées et surtout, elles ne s’opposent pas, contrairement à ce que déclarent certains, souvent ceux qui voudraient que rien ne change et pour qui le profit prime sur la santé, l’environnement et l’économie des territoires. Il est impératif que le projet « Farm to Fork » envoie également ce message d’une Europe écoresponsable.
Une vraie réforme de la PAC
Dans le même ordre d’idée, il faudrait réformer en profondeur la politique agricole commune mais que cette réforme coïncide avec la conception du Pacte vert européen. Du nombre de passerelles entre les deux projets et de leur solidité dépendra leur réussite.
Circuits courts
Disposer d’une agriculture diversifiée sur chaque territoire illustre justement la complémentarité entre transition environnementale et sécurité alimentaire : c’est le gage d’un approvisionnement davantage sécurisé, meilleur pour la biodiversité tout en réduisant les transports au long court. Les circuits courts de proximité sont plus respectueux de l’environnement et sont plus résilients aux crises : il faut les promouvoir et les renforcer !
Pesticides : le tout au chimique, c’est fini
Il est urgent de mettre en place des mesures concrètes, notamment législatives, pour réduire de manière significative l’utilisation et le risque des pesticides chimiques, ainsi que l’utilisation d’engrais et d’antibiotiques. De même, pour une réelle transition environnementale, il faut en finir avec ce reflexe toxique de remplacer une substance chimique active par une autre, plutôt que d’œuvrer à la mise en place d’alternatives non chimiques et convoquer l’agroecologie et la numérisation.
L’agroécologie
27 % des émissions nationales des gaz à effet de serre sont aujourd’hui attribuées à l’agriculture intensive. L’agroécologie propose des alternatives techniques, sociales et politiques respectueuses de l’environnement. Là aussi, l’Europe a un rôle à jouer.
Impact du Covid 19 sur l’avenir
Le secteur agricole, durant cette crise sanitaire n’a jamais cessé d’approvisionner les Européens en nourriture, et ce malgré le danger.
Cependant le Covid 19 a aussi accentué ou mis en lumière de nombreuses failles. Le manque de capacité au niveau du stockage, L’excédent alimentaire ou la rupture de stock, le danger de l’hypervolatilité des prix, la précarité de beaucoup d’agriculteurs modestes vivant avec des revenus beaucoup trop bas, les conditions de travail et les contrats de travail des chauffeurs et des saisonniers.
En aval aussi, la question se pose également de l’accès à une nourriture saine pour les populations les plus fragiles alors que l’on annonce un doublement de la faim dans le monde à la sortie de la crise du coronavirus.
Une fois encore, le projet « de la fourche à la fourchette » et le pacte vert européen dans lequel il s’inscrit, doivent être une opportunité de mettre fin au système tel que nous le connaissons ! Réconcilier sécurité alimentaire et agriculture durable, production consommation et environnement doivent être la priorité. Le statu quo n’est pas une alternative viable, seules de profondes réformes nous permettront de construire demain.